«On a bien le droit de siffler en travaillant... Il est, en tout cas, difficile de siffler un air, triste ou gai, s'il manque, en soi, un sentiment intérieur de liberté», écrit la philosophe Geneviève Fraisse dans sa préface au livre de Michel Miné et Sylvain Allemand. Cet ouvrage, précis et limpide, n'est pas un livre sur le droit du travail, préviennent d'emblée les auteurs. Mais un livre sur les droits de l'homme au travail. Dès l'introduction, on voit que l'affaire commence mal : la France compte plus de 2 millions de chômeurs, alors que le droit à l'emploi est énoncé dans le préambule de la Constitution de 1946... Selon Jean-Maurice Verdier, professeur de droit du travail à Nanterre, cité dans l'ouvrage, «c'est probablement dans la vie de travail que se commettent, dans nos sociétés démocratiques, les plus nombreuses violations des droits de l'homme, alors même que ce ne sont pas les plus graves.» C'est pourtant là que les évolutions sont les plus passionnantes.
Déjà parce que les droits de l'homme s'imposent aux droits contractuels. «Fondamentaux», ils touchent à l'essence même de l'être humain. Mais aussi parce qu'ils sont de plus en plus mobilisés dans les conflits du travail. Face aux multinationales qui jouent les droits des pays les uns contre les autres pour mieux abaisser ceux de tous les travailleurs, des Etats ou des régions économiques entières se rassemblent autour de principes supérieurs. En France, la chambre sociale de la Cour de cassa