Nouzonville envoyée spéciale
Elle vient faire ses postes à l'usine comme avant, mais l'usine est froide et les machines sont à l'arrêt. Dans la cour, des bûches brûlent dans un brasero et les gars discutent. Sandwich au saucisson et café. Cathy Patrice, 39 ans, est ouvrière depuis treize ans à Thomé-Génot, qui fabrique des pôles d'alternateurs pour batteries de voitures à Nouzonville, près de Charleville-Mézières. Elle occupe le site avec une poignée d'autres, en attendant les négociations entre l'intersyndicale et le ministère du Travail. Plus de patron. Acquise par le groupe américain Catalina en 2004, la société a été mise en liquidation le 24 octobre. Après avoir, selon les syndicalistes, été pillée par le groupe, qui lui aurait facturé à prix d'or des frais de gestion et de formation. Les 300 salariés demandent une prime de 30 000 euros chacun à l'Etat. En face, on leur propose d'expérimenter le contrat de transition professionnelle pour un coût estimé à 59 000 euros (celui-ci offre un salaire équivalent contre un engagement à se former) et une «aide personnelle au reclassement» (Libération du 11 novembre). Encore sous le choc de l'intervention de 240 CRS vendredi, Cathy Patrice revient sur ses treize années chez Thomé-Génot.
Quel était votre travail dans l'usine ?
Moi, je travaillais à l'outillage. On faisait les matrices, c'est-à-dire la forme de la pièce qui va être fabriquée en forge. Je suis fraiseur, pas fraiseuse. Fraiseuse, c'est la machine. Je pouvais passe