Si le gouvernement pensait avoir fait le plus dur, il se trompait dans les grandes largeurs. Après avoir remobilisé l'opposition et déchiré en deux l'UMP, le projet de fusion entre Suez et GDF doit maintenant convaincre les actionnaires privés. Et c'est loin d'être gagné. Hier, les gros actionnaires de Suez ont choisi (hasard de calendrier ou simple coïncidence ?) de faire entendre leur voix publiquement pour faire monter les enchères, menaçant carrément de faire capoter le mariage si l'Etat (actionnaire de GDF à 80 %) ne voulait pas entendre leurs revendications.
Principal actionnaire de Suez, le financier belge Albert Frère, qui détient 8 % du groupe privé, a ainsi assuré, hier dans les Echos, que «les actionnaires ne voteront pas la fusion» si le dividende exceptionnel n'est pas «sérieusement relevé». En dessous de 4 euros de dividende exceptionnel, «la fusion risque de ne pas être votée», a mis en garde la présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), Colette Neuville. Enfin, le financier de nationalité italienne Eric Knight, qui revendique un peu moins de 1 % du capital de Suez, s'est, lui, payé une nouvelle page d'argumentaire dans le Figaro pour expliquer que le dividende doit monter à... 6,5 ou 7 euros. Sinon, beaucoup d'actionnaires risqueraient alors de voter contre la fusion. Déjà, en septembre, Eric Knight était sorti du bois pour déclarer qu'il avait derrière lui une vingtaine de fonds, actionnaire