Belfort envoyé spécial
Vers 8 heures hier, sur le site Alstom de Belfort, la direction de la division turbomachines (branche énergie du groupe) est partie à la rencontre des ouvriers grévistes de l'établissement machines électriques, qui, le 13 novembre, ont cessé le travail sans crier gare. La réunion a duré trois heures. Quand le premier délégué syndical est sorti, on a compris que les discussions n'avaient pas avancé d'un pouce, que la colère restait intacte : «Ils prennent vraiment les gens pour des imbéciles !»
Verbe rare. La grève est partie de la base, dans un atelier où une trentaine de personnes transforment des fils de cuivre en barres pour fabriquer des alternateurs. Pour une affaire de prime de fin d'année refusée par la direction. CGT, CFDT et FO, qui n'avaient pas lancé d'appel à la mobilisation, ont relayé ce mouvement spontané. Les grévistes réclament une prime exceptionnelle de 1 000 euros et 150 euros d'augmentation générale. Désormais, ils sont plus d'une soixantaine, soit l'ensemble des ouvriers de production de machines électriques. Plus rien ne sort de l'usine. «On ne bloque rien, c'est juste les gens qui ont posé les outils», explique Bernard Juan, de FO. Pas de piquet de grève, à peine deux pancartes en carton accrochées au-dessus d'une porte, à l'extérieur de l'atelier. Les ouvriers s'y réunissent tous les jours et en sortent peu. Ils ont le verbe rare. C'est une grève en vase clos, nourrie par une détermination froide.
«Quand un mec d'