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Libération

Le marché pourri de la viande russe

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Contrebande, marchandise avariée... Les dysfonctionnements sont légion dans le pays.
par Florence LAFUMA
publié le 29 novembre 2006 à 0h16

Moscou intérim

«C'est du frais, c'est de la bonne qualité !» lance le boucher à la cliente hésitante, mais visiblement peu gênée par l'odeur ambiante au rayon viande du marché Koptevsky dans la banlieue nord de Moscou. Chez le commerçant voisin, un veau décapité dépassant de l'étal jusque dans l'allée menace de son cou ensanglanté le pardessus beige d'un autre chaland. Derrière, deux têtes de cochons faisandées regardent passer les rares clients. Le marché Koptevsky n'est pas le plus attrayant de la capitale mais ici les prix sont «abordables», remarque Marina Mityaeva, la cliente ressortie le cabas vide. Il y a «encore pire qu'ici», ajoute-elle avec un sourire peu réconfortant.

Les marchés de produits agroalimentaires russes, pour ceux qui les fréquentent régulièrement, surtout en province, peuvent laisser perplexe sur l'embargo instauré par Moscou depuis 2005 sur les viandes et produits dérivés en provenance de Pologne pour raisons... sanitaires. L'affaire, jugée purement «politique» à Varsovie, a gâché le sommet Union européenne-Russie vendredi dernier à Helsinki, en bloquant les négociations sur un important accord de partenariat commercial. La Commission européenne a estimé l'embargo russe «disproportionné» et a insisté auprès de Vladimir Poutine pour qu'il le lève le plus vite possible. En vain. Moscou maintient l'embargo et a même menacé de l'étendre à toute l'Union européenne ­ soit un marché de 1,7 milliard d'euros par an ­ dès l'ent