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Libération

Boulots, accidents, payes, tout était faux

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Procès d'une cinquantaine de personnes impliquées dans une escroquerie aux Assedic et à la Sécu.
publié le 30 novembre 2006 à 0h17

Elle est venue sans avocat. Petite et droite à la barre. Comme tous les autres, elle est accusée d'avoir grugé la Sécu et les Assedic pendant des mois, mise en examen pour faux et escroquerie. Le président résume les faits qui remontent à 1999 : «Vous avez travaillé un an pour la société KMD Music. Embauchée comme aide-comptable pour 12 000 francs par mois, vous étiez payée 9 000 francs en espèces, et vous avez déclaré que vous faisiez un peu de tout. Vous avez fait une chute dans les escaliers et avez été mise en arrêt de travail. Vous avez été licenciée, on vous reproche d'avoir indûment perçu 26 282 francs d'indemnités Assedic.»

Avant elle, deux salariés de la boîte ont raconté être tombés dans les mêmes escaliers, et le tribunal trouve ça «curieux». En plus, huit des seize employés de KMD Music ont été victimes d'un accident de travail... Arrivent les questions : «Vous ne trouviez pas bizarre de ne pas avoir d'emploi précis ?» «J'ai demandé à un cousin qui travaillait dans une autre société [gérée par le même patron, ndlr], il m'a dit : "L'important, c'est que tu sois payée." J'avais deux enfants et pas d'argent... Je voyais que c'était pas clair, mais on n'a pas le choix.» Commentaire cinglant de madame la procureure : «Si, vous aviez le choix !» Réponse de la dame : «Vous faites comment pour payer la nourrice et leur donner à manger ?» La procureure n'en démord pas : «Le travail légal ne manque pas !» Regards stupéfaits d