Un drôle d'oiseau. Un nom de scène : Jacky Giordano. Une carrière mirobolante de pianiste à succès : «J'étais accompagnateur de vedettes, Johnny, Julien Clerc, j'ai composé les plus grands génériques de la télé, j'ai produit plus de 800 albums.» Le cerveau de l'arnaque le dit à la barre en toute modestie : il a été «un grand professionnel». Et puis il a chu. Le récit est confus, comme le personnage. «En 1995, j'ai été accusé d'être un pirate, je me suis retrouvé quatre mois en prison pour rien du tout, un retard de déclaration de droits d'auteur... J'ai eu un redressement fiscal de 9 millions de francs. Ça a brisé ma vie professionnelle.»
Pour redémarrer, il emprunte 600 000 francs à celui qu'il appelle «le grand absent de ce procès», le dénommé Patrick Verbecke, un Belge rencontré dans le milieu du show-biz. Pour rembourser sa dette «à des taux exorbitants», Giordano accepte de devenir son homme à tout faire et d'entrer dans des combines qu'il jure ne pas avoir imaginées lui-même. «Je travaillais pour lui, il m'a tout appris. Avant, je n'avais jamais rempli une feuille de paie de ma vie. Je recevais des listes de noms, des adresses et des numéros de sécurité sociale, on me donnait les ordres par téléphone.»
Le tribunal et l'assistance n'en sauront pas plus : le principal accusé a décidé d'assumer totalement ses responsabilités. Plusieurs fois, il laisse entendre qu'il est menacé par son ex-boss, par «des gens dangereux» : «J