Les analystes financiers et la presse économique n'ont pas souvent l'occasion de rire. Hier à 11 heures, ils ont assisté à Paris à la réunion la plus loufoque de l'année, à l'invitation de la mystérieuse société suisse Center-Tainment. Ses dirigeants étaient venus expliquer comment ils allaient s'emparer d'EuroDisney. Totalement dénuée du moindre élément financier concret, la présentation débute avec les mots du PDG, Ulf Werner, qui, d'une voix peu assurée, dit s'attendre «à une résistance très dure de la part de la direction actuelle et de l'actionnaire majoritaire». C'est ensuite au tour de Kurt Anderseen, investment banker de Center-Tainment de détailler si l'on peut dire l'opération. Aidé d'un risible et unique schéma intitulé «profil de l'organisation pour le futur», l'homme, qui se présente comme un ancien de la Chase Manhattan Bank et de la Commerzbank, explique qu'il s'agit du premier d'une série d'investissements dans les loisirs. Basé sur un «concept» dont on ne saura rien à part que c'est un «vrai concept». Interrogé sur le fait de savoir pourquoi Center-Tainment n'a pas encore lancé son OPE sur EuroDisney et commencé à ramasser des titres en Bourse, il répond très sérieusement : «Notre avocat est malade mais tout est validé sur le plan juridique et le plan sera actionné dans les tout prochains jours.»
Dans l'assistance, les spécialistes, médusés, cherchent la caméra cachée. «Complètement foireux», lâche un analy