Très cher ami lecteur, contrairement à ce que nous écrivions un peu hâtivement vendredi, nous voilà dans l'obligation de revenir sur ce fichu projet de fusion entre Suez et Gaz de France. On pensait en avoir fini. Mais comment résister au plaisir de décortiquer la décision du Conseil constitutionnel, aussi perverse que dévastatrice ? Il suffit d'ailleurs pour s'en persuader d'écouter Jean-Claude Lenoir, le rapporteur UMP de la loi, déclarer que la décision des neufs Sages est «lourde de conséquences».
Bizarre. Passons vite sur ce que l'on sait déjà. Si le Conseil constitutionnel a bien validé le principe de la privatisation de GDF, il a suspendu son caractère «effectif» jusqu'au 1er juillet 2007, date à laquelle la directive européenne ouvrira totalement à la concurrence le marché français du gaz et de l'électricité. Et fera perdre à GDF son statut de «monopole de fait». Un résultat qui ne surprend pas les spécialistes de la chose constitutionnelle : «C'était couru d'avance. C'est quand même bizarre qu'un gouvernement se fasse surprendre par cela», s'étonne Dominique Chagnollaud, professeur de droit à Paris-II.
Le sort de cette fusion est donc entre les mains des politiques. Et si la gauche passe, c'est vite vu. Contrairement à ce que laissait entendre vendredi Matignon en expliquant que «ce sera extrêmement difficile de détricoter ce qui aura été fait», un gouvernement socialiste aura besoin de trois fois rien pour mettre le holà à