Libourne envoyée spéciale
Elles en parlent déjà au passé. Le mal de dos, les traumatismes des mains ou des poignets pour suivre les cadences. L'usine ferme dans quatre mois. Pour garder leur emploi et éviter cette délocalisation dont les salariés du textile sont régulièrement menacés, elles ont tout accepté depuis treize ans. Alors, aujourd'hui, c'est comme si tous leurs efforts avaient été inutiles, Arena part en Chine fin mars. Les filles sont «dégoûtées» : «On sait que c'est plus la peine de faire des efforts. On en a déjà tellement fait.»
«Efforts énormes». Seul site de production de la marque créée par Adidas dans les années 70, l'usine Arena de Libourne (Gironde), qui emploie 169 salariés dont 95 % de femmes, apparaissait comme l'un des fleurons de l'industrie locale. Leader européen du maillot de piscine, sponsor de Laure Manaudou, la marque est depuis plusieurs années aux mains de fonds d'investissement italiens. Les «adaptations» en termes de compétitivité ont été continuelles.
«Nous avons déjà fait des efforts énormes et accepté de changer nos modes de vie pour que la marque existe», souligne Francisca Bouquey, de l'intersyndicale. En 1993, un premier plan social supprime plusieurs dizaines d'emplois. Et, surtout, introduit des réductions du temps de travail avec perte de salaire : 1 000 francs en moins tous les mois. «Sur un Smic, ça fait une très grosse différence», insiste Francisca. Surtout qu'on leur demande aussi d'augmenter le