Les fashion victims font des victimes oubliées. Les petites mains surexploitées, occupées à coudre dans des sweatshops (usines à sueur) du Bangladesh, où la main-d'oeuvre vit sous servage. L'ONG britannique War on Want (lire ci-contre) en a apporté une nouvelle preuve hier (1), dans un rapport accablant. Pointés du doigt, Asda, la filiale anglaise de Wal-Mart (leader mondial de la grande distribution), Tesco, le numéro 3 mondial du supermarché, ainsi qu'une autre firme de fringues à bas prix, Primark.
L'ONG a interrogé 60 employés dans six ateliers de Dacca où s'épuisent 5 000 personnes. Dans le monde rêvé de profits des actionnaires de ces firmes, les employés dont deux tiers de femmes travaillent en moyenne 80 heures par semaine (jusqu'à un maximum de 96 heures hebdomadaires, sans compter 140 heures sup' par mois, souvent non payées, sous peine de licenciement). Le tout payé 8 centimes d'euro de l'heure. Les droits du travail y sont nuls, les syndicats bannis.
«Qui paie ?» Tesco, Asda et Primark nient de telles pratiques. Discourent commerce éthique ou audits de contrôle. Invoquent les nouvelles technologies ou la bonne distribution pour expliquer le boom de leurs ventes. Mais, derrière les stratégies de vendre au plus bas prix le prix des vêtements et des chaussures a baissé de 14,4 % entre 2001 et 2005 en Grande-Bretagne à une clientèle qui ne s'émeut guère de l'envers du décor, la réalité est tout autre. Comme le dit au quotidien The Guardian