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En finir avec les métiers d'hommes

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Elles sont électricienne, ouvrière du bâtiment, mécanicienne... et combattent les préjugés qui orientent encore les filles vers les emplois de service et les tâches subalternes.
publié le 11 décembre 2006 à 0h26

Elle tient le fil neutre dans la main. «Un circuit électrique, ça fait un cercle», explique-t-elle. Le fil neutre, en électricité, c'est le fil bleu. Celui qui ramène le courant à sa source. Sinon, en électricité, la neutralité n'existe pas. Sur ce marché de l'emploi, il y a les hommes ­ nombreux ­, et les femmes ­ inexistantes. Karine, mécanicienne, et Anaïs, électricienne, ont donc fondé l'association rennaise Les Bâtisseuses (1). Chaque samedi, elles organisent des ateliers d'électricité ou de mécanique auto. Gratuits et réservés aux femmes. «Pour les inciter à s'intéresser aux métiers d'hommes», explique Karine Louvergneaux. Et pour lutter contre la ségrégation autour de laquelle s'organise toujours le marché du travail.

Les femmes représentent aujourd'hui près de la moitié des actifs : 46,5 % des Français en emploi ou inscrits au chômage sont des femmes. Mais, alors qu'elles ont massivement investi le marché du travail depuis cinquante ans, elles ne se sont pas déployées dans tous les métiers. Au contraire: en 2002, les six catégories socioprofessionnelles les plus féminisées regroupaient 60 % de l'emploi féminin, contre 52 % en 1983. «C'est le paradoxe de notre époque, explique Margaret Maruani,sociologue au CNRS et auteure de Travail et emploi des femmes (2). L'idée selon laquelle l'arrivée de millions de femmes sur le marché du travail déboucherait tout naturellement vers l'égalité et la mixité s'est révélée fausse. Si on ne fait rien, r