Bruxelles (UE) correspondance
Souvent accusé d'être trop sensible aux intérêts des industriels, José Manuel Barroso vient de montrer qu'il savait aussi être à l'écoute du monde de la culture. Par la bouche de l'une de ses porte-parole, le président de la Commission européenne a annoncé, hier, que l'adoption du projet controversé de recommandation sur la copie privée était retirée de l'ordre du jour de la prochaine réunion de l'exécutif européen. Comprendre : il est urgent d'attendre pour pousser les Etats européens à abandonner la redevance sur les baladeurs et les CD vierges.
«Somme indolore». Depuis des mois, le monde de la culture, réuni au sein de l'alliance culture d'abord, était en ébullition. Pedro Almodóvar, Ken Loach, Nanni Moretti, Bertrand Tavernier et bien d'autres, avaient écrit à Barroso. En ligne de mire : le projet de recommandation concocté par le très libéral commissaire chargé du marché intérieur, l'Irlandais Charlie McCreevy, qui préconise de supprimer progressivement la redevance pour copie privée légale. Ce système, qui existe dans vingt Etats membres de l'UE, dont la France, autorise la copie à usage familial en échange d'une redevance payée lors de l'achat de matériels électroniques (CD vierge, copieur de DVD, baladeur MP3, scanners...), redevance ensuite reversée aux ayants droit (auteurs, compositeurs...).
Mais, aux yeux du commissaire, ce régime représente un obstacle au bon fonctionnement du marché intérieur et est de moins en moins justifié face au