Menu
Libération

En France, des ouvriers polonais payées en belles promesses

Article réservé aux abonnés
publié le 5 janvier 2007 à 5h17

Annecy envoyée spéciale

Le recrutement était déjà suspect. Par l'Internet. La sélection trop simple, trop rapide. Ils auraient dû se méfier. Mais Roman, charpentier, Damian, peintre en bâtiment, Henryk, opérateur dans une entreprise de contreplaqués, avaient trop envie d'y croire. Le besoin d'argent a balayé les doutes et quand les minibus sont arrivés dans leur village de Basse-Silésie ou de Grande-Pologne, ils ont sauté dedans. Direction la France. Plus précisément Faverges en Haute-Savoie. Là, ils sont tous devenus sous-traitants pour une petite entreprise du bâtiment de la région, les Charpentiers bâtisseurs. Et assurés, pensaient-ils alors, d'un bon salaire : quatre fois ce qu'ils auraient gagné en Pologne, logement en prime. «On me proposait entre 1 000 et 1 200 euros par mois», dit Roman, 33 ans, contre 700 zlotys (l'équivalent de 180 euros) en Pologne. «En Basse-Silésie, on ne pouvait pas joindre les deux bouts. J'étais venu pour améliorer la situation. Ma femme gagne 700 zlotys par mois comme vendeuse. Or notre loyer s'élève à 500 zlotys», témoigne Damien, 32 ans, qui devait revenir chez lui «en père Noël».

«Esclavagisme». Mais, il y a une semaine, ce sont les poches vides qu'ils sont repartis. Sans le secours d'un autocariste qui les a reconduits gratuitement à Varsovie, et sans l'aide de la CGT, Roman et Damien n'auraient même pas pu payer leur voyage. Comme leurs dix camarades, tous embauchés par la même filière. Et comme la plupart des Polona