Bahreïn envoyée spéciale
Des autoroutes rutilantes qui traversent l'île principale de l'archipel de Bahreïn, l'oeil cherche en vain les derricks. A l'horizon, seules d'immenses grues occupées à bâtir ici et là des gratte-ciel étincelants ébouriffent le paysage. De derricks, point, et pour cause : il n'y en a pas, ou si peu. Bahreïn, premier des émirats du Golfe à avoir exploité l'or noir, est aujourd'hui une pétromonarchie qui ne produit plus de pétrole. Seul un champ parvient encore à cracher une moyenne de 40 000 barils par jour. C'est peu, 60 fois moins que la production du Koweït, par exemple. Et les experts s'accordent : d'ici une quinzaine d'années, les réserves seront épuisées.
Heureusement pour la famille royale, le clan Al-Khalifa, il y a l'Arabie Saoudite voisine, qui cède chaque jour 180 000 barils supplémentaires à un prix symbolique. Une générosité tout intéressée : le maintien au pouvoir de la minorité sunnite à Bahreïn est une préoccupation constante pour Riyad, inquiet de l'activisme grandissant de la majorité chiite du petit royaume.
Bahreïn, à défaut de produire du brut, sait le transformer et le vendre : voilà comment les hydrocarbures continuent de constituer un quart du PIB de ce minuscule Etat. De quoi réaliser de confortables plus-values, quand bien même les rois du pétrole ne sont plus tout à fait ce qu'ils étaient. Les clichés ont la vie dure et ici, comme dans tous les émirats et royaumes du golfe Persique, les écrans plasma géants pullulent, les voitu