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Libération

Des boulots qui veulent notre peau

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Revue de détail des professions concernées par les accidents du travail les plus graves, BTP en tête. Entre règles de sécurité négligées et comportements à risques, litiges avec les patrons et retards d'indemnisations.
publié le 15 janvier 2007 à 5h26
(mis à jour le 15 janvier 2007 à 5h26)

Ce jour-là, Mamadou M'Body, un intérimaire de 62 ans, pose des serrures sur les portes du rez-de-chaussée d'un immeuble en construction à Saint-Denis. Quatre étages plus haut, d'autres ouvriers montent un mur de cloisonnement en béton. Au sol, une ombre menaçante obscurcit la lumière. «Attention là-dessous !» Le premier réflexe de Mamadou M'Body est de prévenir un de ses copains du chantier de s'écarter. Celui-là en sera quitte pour une peur bleue. C'est le serrurier africain qui reçoit le mur sur la jambe. Elle est totalement écrasée : l'amputation est réalisée à l'hôpital Bichat dans l'heure qui suit.

«Je n'ai pas compris que mes patrons se rejettent la responsabilité : j'étais employé par un sous-traitant, qui travaillait lui-même pour un autre sous-traitant... Il y avait jusqu'à six sous-traitants sur mon chantier. Aucun n'a voulu reconnaître qu'il était responsable de mon accident», explique M'Body, six ans après les faits. Il lui faudra attendre le 9 février prochain pour connaître le montant de son indemnisation. Et sa prothèse définitive est arrivée ces derniers jours. «Sur ce chantier, il y avait un problème de conception du béton et un défaut de balisage, mais la multiplication des sous-traitants a fait que les mesures de sécurité qui auraient dû être prises pour respecter la réglementation ne l'ont pas été», explique maître Marie Rueff, avocate de Mamadou M'Body. Elle constate que le BTP représente plus de 50 % de ses contentieux avec les