C'est d'abord une grosse lassitude de «vivre constamment sous la menace.» Les ouvriers de General Motors à Strasbourg en ont assez qu'on mette leur emploi en jeu à tout bout de champ. L'usine, qui fabrique des boîtes de vitesses, marche bien et le chantage implicite de la direction à la délocalisation, au transfert des activités vers une usine qui serait plus performante, est particulièrement anxiogène. Sans ce contexte, ils n'auraient peut-être pas réagi aussi massivement au blocage des négociations salariales en cours. Mais «quand on leur a dit que la direction proposait 1,7 % d'augmentation dont 0,9 % générale et le reste au mérite, assortie d'une annualisation des 35 heures, les gars nous ont dit : "Allez maintenant ça suffit, on passe à l'action"». Et comme un seul homme, CGT, CFDT et FO ont appelé à la grève. Depuis jeudi, 90 % des ouvriers de production de ce site qui emploie 1 500 salariés ont cessé le travail. Le conflit est massif, et hier les grévistes ont même eu la petite satisfaction de voir quelques cadres et techniciens du centre technique débrayer et se joindre à eux. Une première.
«Dévoués». Eux, les ouvriers, voudraient 100 euros net de plus par mois et surtout, surtout, qu'on ne touche pas à leurs 35 heures. Ils ont un vendredi toutes les trois semaines. Et autant d'heures supplémentaires gagnées pour ceux qui acceptent de le «travailler». Avec l'annualisation qui permettrait de moduler les jours non travaillés en fonction des besoins de prod