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Libération

Mauvaise impression chez Sublistatic

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publié le 16 janvier 2007 à 5h28

Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) envoyée spéciale

Isabelle Delattre marche dans son usine en danger de mort. «D'habitude c'est bruyant, un ouvrier s'occupe de chaque poste», raconte cette responsable export chez Sublistatic, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), une usine de 223 salariés en liquidation. «De la voir comme ça, toute noire, tout arrêtée, ça crève le coeur.» C'est le premier jour d'arrêt total dans l'usine de papier d'impression sur tissu. Dans les machines figées, des rouleaux de papier à motifs de peau de zèbre, plus loin des nymphéas couleur de lavande, tendus, dans un savant chemin de cylindres, prêts à repartir. Des seaux d'encre vides, des taches mauves et noires au sol. Sur chacun des cylindres géants d'acier chromé, des motifs, fins comme un trait de plume. Onze mille cylindres sur des étagères à perte de vue.

Feu de palettes. Dehors, les ouvriers se relaient devant un feu de palettes géant. Les fûts de 150 tonnes de produits explosifs, inflammables et toxiques sont toujours prêts à être déversés sur le site pour faire pression sur les pouvoirs publics. «Ça ne reste qu'une menace, tout est super bien contrôlé. Les gens sont vigilants, la moindre personne qui déborde est tout de suite recadrée», insiste Isabelle Delattre. L'objectif est soit de trouver l'argent qui fera revivre l'usine, soit d'obtenir «100 000 euros d'indemnités par salarié», beaucoup plus que l'indemnité légale après liquidation ­ 6 000 euros, pour treize ans d'ancien