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Libération

«Le ministère ne nous ferme plus la porte...»

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Eustache Gitonga, Kenyan, cherche une solution contre un arbre ravageur.
par Christian LOSSON
publié le 19 janvier 2007 à 7h00

«Je dirige le Community museum of Kenya, une association destinée à démocratiser l'accès à l'art et à la culture. A rendre la création d'où elle vient: les communautés villageoises. Longtemps, il n'y a eu qu'un seul musée dans le pays. Puis, il y a 20 ans, une poignée de musées régionaux. Nous, on a voulu en 1999 sortir de ce principe d'œuvres déracinées, exposées hors de leur contexte local. Et en voulant réintégrer de l'art dans son environnement naturel, on a vite compris qu'autre chose était menacé: la biodiversité des paysans, qui méritait, elle aussi d'être préservée. Les gens nous disaient: «c'est bien l'art, mais on nous se bat contre un arbre invasif: le prosepis». Ils marchaient dans le désert, le gouvernement ne voulait rien entendre.Cette plante a été importée d'Amérique du Sud dans les années 80 par la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'agriculture, pour lutter contre la désertification. Mais le rêve de verdure et de pâturage pour les bêtes a viré au cauchemar: les jeunes pousses chargées en sucre ont édenté les chèvres, mortes de faim. Coupantes, elles ont entraîné des inflammations des bergers, jusqu'à des amputations, des morts. Les racines de 20 mètres ont épuisé les nappes phréatiques, entraînant la migration de paysans vers l'Ouganda, provoquant des conflits de terres.

En 2002, avec notre ONG de 18 membres, on est allé voir le gouvernement, la FAO. Silence. Alors, on a monté un dossier, porté l'affaire devant l