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Libération

L'Afrique minée par l'évaporation fiscale

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Faible imposition des multinationales et fuite des capitaux siphonnent les revenus du continent.
publié le 22 janvier 2007 à 5h35

Nairobi (Kenya) envoyé spécial

Et si l'Afrique, toujours présentée comme un débiteur croulant sous la dette publique, était, en fait, un créditeur net ? «La fuite de capitaux de l'Afrique subsaharienne représente 30 milliards par an en moyenne, soit, depuis dix ans, 274 milliards de dollars, plus que le montant de la dette. Ce que les chefs d'Etat du G8 saupoudrent d'une main, ses banques internationales, ses paradis fiscaux, les bidouillages fiscaux de ses multinationales le reprennent de l'autre.» John Christensen sait de quoi il parle. Pendant onze ans, cet économiste britannique a été le principal conseiller fiscal de Jersey, l'un des plus juteux paradis fiscaux britanniques, qui détiennent à eux seuls, selon l'ONG Christian Aid, 800 milliards de dollars.

Lors du Forum social européen de Florence, en 2002, John Christensen a jeté les bases d'un réseau mondial pour la justice sociale : Tax Justice Network (1). Mais quand des ONG font vivre 200 salariés permanents, lui n'a qu'un demi-poste à son côté. Il s'appuie sur des pointures de la fiscalité, originaires d'une douzaine de pays du Nord, qui travaillent gratuitement : experts en exportations, avocats d'affaires, conseillers de multinationales. «On pense toujours taxes dans un contexte de concurrence entre Etats, comme en France, avec l'affaire Montebourg sur la Suisse. On ne fait jamais le lien entre fiscalité et pays en développement. Or c'est la condition sine qua non pour une réelle lutte contre la pau