Rennes correspondance
Lorsqu'une manifestation tourne mal, mieux vaut être paysan qu'étudiant anti-CPE ou simple salarié. C'est du moins ce que laisse penser la récente décision du tribunal de Morlaix (Finistère) qui a prononcé un non-lieu pour le saccage de l'hôtel des impôts de la ville par des producteurs de légumes de la FNSEA le 5 novembre 2004, année de crise aiguë du chou-fleur. Revenant d'une manifestation à Rennes qui les avaient passablement énervés, une cinquantaine de cultivateurs s'en étaient pris au mobilier, aux portes et aux ordinateurs des services fiscaux après avoir forcé l'entrée du bâtiment. Montant des dégâts : 60 000 euros. Plus grave, après qu'une voiture de police banalisée dont les trois occupants avaient dû s'enfuir a été renversée, un policier avait été grièvement blessé à la tête par un jet de pavé.
«Stupéfaction». Ces faits resteront impunis. «En l'absence d'éléments de preuve au moment des faits, il n'a pas été possible d'identifier leurs auteurs», explique le procureur de la République de Morlaix, Laurent Fichot, qui regrette cet «échec», tout comme la loi de «l'omerta» qui sévit dans les milieux agricoles. «Il y a eu un travail très sérieux d'enquête, souligne le magistrat, mais les moyens de police au départ n'étaient pas suffisants.»
Dans un premier temps, le chauffeur de car ayant conduit les légumiers dans le centre de Morlaix avait été poursuivi pour «complicité de violences» et condamné à trois moi