Nairobi envoyé spécial
La petite citation tombe à pic, alors que la nuit gagne les gradins du stade Moï, et que la parole se prend dans le noir. «Si un jour la Chine change de couleur et devient une superpuissance, si elle endosse un rôle de tyran dans le monde, les peuples du monde devront s'unir pour la renverser.» Quand Firoze Manji lit à la lampe de poche ce mot de Deng Xiaoping, lancé aux Nations unies en 1974, la salle éclate de rire. Trois heures de débats enflammés autour des relations sino-africaines et des OPA en cours sur les richesses du continent, que Manji, directeur du Pambazuka news (1), résume ainsi : «L'arrivée massive de la Chine peut donner des marges de manoeuvre aux Africains face aux gouvernements, aux firmes occidentales et aux institutions financières, comme elle peut mettre ses propres intérêts en avant, sous couvert de prêts préférentiels, de dons non conditionnés et d'annulation de dettes, et préparer le terrain à un nouvel hégémonisme.»
«Pure propagande». Ecologistes, économistes, experts en droits de l'homme de la société civile africaine planchent plutôt pour la seconde option. Le «nouvel ami» de l'Afrique est partout. Il lance des satellites nigérians et construit des hôpitaux au Kenya, agrandit des ports au Cameroun ou cultive des fermes zambiennes. Il aime surtout aider à développer le secteur des matières premières, à commencer, bien sûr, par le pétrole. «Le droit au développement de la Chine passe-t-il par le droit d