Pékin de notre correspondante
L'angoisse. Plus que la hantise du chômage, qu'elle a dépassée dans les préoccupations des citadins chinois, la protection sociale est devenue en 2006 leur sujet d'inquiétude majeur. Les peurs des salariés des villes sont justifiées : d'après l'Académie des sciences sociales de Chine, 40 % d'entre eux n'ont aucune couverture maladie, retraite ou chômage. Et ils ne seraient que 10 % à bénéficier du taux le plus élevé, selon le très officiel Quotidien du peuple. Lors de sa dernière session plénière, le comité central du Parti communiste chinois a pourtant donné son carnet de route pour 2020 : «Une société harmonieuse.» Avec, priorité des priorités, l'établissement du «plus grand système de sécurité sociale du monde».
Chantier. Jean-Charles Dehaye, expert français sur la sécurité sociale, travaille à Pékin, sur le plus gros programme d'études sino-européen, qui devra remettre un projet de système social en 2011. «L'enjeu est énorme pour ce pays qui s'apprête à devenir la deuxième puissance économique mondiale, dit-il. La réforme en cours est un chantier gigantesque.» Il reste à harmoniser les différences entre les provinces, maîtresses du jeu pour la gestion des caisses de pension, et à lisser le passage de l'économie planifiée à celle de l'économie de marché.
Jusqu'à la politique d'ouverture économique du début des années 90, le chômage n'existait pas en Chine, et c'est l'Etat-providence, par le biais des unités de