Claude Lerouge est son vrai nom. Responsable de la section socialiste de la Caisse d'épargne, ce militant au nom prédestiné préfère rester discret. Les réunions ont lieu à l'extérieur de l'entreprise et les courriers sont envoyés au domicile des adhérents. «Les salariés ne veulent pas que leur engagement soit connu. Même sans chasse aux sorcières, il y a le regard de la hiérarchie.» Secrétaire de cette section depuis quinze ans, il a même envisagé de la supprimer. La structure continue de vivoter, comme la douzaine de sections d'entreprise du Parti socialiste en région parisienne quasi exclusivement dans des entreprises publiques.
Le temps n'est plus au militantisme professionnel. Les adhérents rasent les murs des bureaux. Claude Lerouge a fait ses calculs : «On était une quarantaine dans les années 90. Aujourd'hui, alors que les effectifs de la banque ont doublé, il n'y a que 23 cartes.» Fini aussi le temps où les appels-pétitions à voter Mitterrand revenaient avec plus de 300 signatures. Cette fois, pour Royal, la section hésite encore à reproduire la démarche. La publicité sur l'existence même de la cellule se fait par le bouche à oreille. «Je fais peut-être moi-même de l'autocensure», avoue Claude Lerouge, qui se souvient, avec nostalgie, des «grands débats politiques des années 80».
Dans les entreprises 100 % publiques, si le militantisme est plus détendu, la réserve reste de mise. A la Banque de France, sur 17 000 salariés, Cyrille St