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Libération

La distribution des cartes est finie

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Petit tour préélectoral dans les sections socialistes de trois grandes entreprises, entre discrétion et nostalgie.
publié le 5 février 2007 à 5h51

Claude Lerouge est son vrai nom. Responsable de la section socialiste de la Caisse d'épargne, ce militant au nom prédestiné préfère rester discret. Les réunions ont lieu à l'extérieur de l'entreprise et les courriers sont envoyés au domicile des adhérents. «Les salariés ne veulent pas que leur engagement soit connu. Même sans chasse aux sorcières, il y a le regard de la hiérarchie.» Secrétaire de cette section depuis quinze ans, il a même envisagé de la supprimer. La structure continue de vivoter, comme la douzaine de sections d'entreprise du Parti socialiste en région parisienne ­ quasi exclusivement dans des entreprises publiques.

Le temps n'est plus au militantisme professionnel. Les adhérents rasent les murs des bureaux. Claude Lerouge a fait ses calculs : «On était une quarantaine dans les années 90. Aujourd'hui, alors que les effectifs de la banque ont doublé, il n'y a que 23 cartes.» Fini aussi le temps où les appels-pétitions à voter Mitterrand revenaient avec plus de 300 signatures. Cette fois, pour Royal, la section hésite encore à reproduire la démarche. La publicité sur l'existence même de la cellule se fait par le bouche à oreille. «Je fais peut-être moi-même de l'autocensure», avoue Claude Lerouge, qui se souvient, avec nostalgie, des «grands débats politiques des années 80».

Dans les entreprises 100 % publiques, si le militantisme est plus détendu, la réserve reste de mise. A la Banque de France, sur 17 000 salariés, Cyrille St