Il y a d'abord un livreur de pizza qui fait le tour du public à la recherche de son client. Il se trompe. Ce sont les comédiens, bien sûr, qui l'ont commandée. Ou plutôt leurs personnages. C'est même Jean-Paul, le directeur général, qui les adore aux champignons. Jean-Paul, c'est le responsable exécutif d'une multinationale dont quelques salariés s'ébattent devant nous sur la scène. Ça discute chiffons dans les toilettes des filles, ça discute tout court au standard. Ça donne des ordres et ça transporte des cartons dans l'ascenseur. Tout ce petit monde s'observe, se surveille, se fait des blagues, dans une mise en scène au rythme effréné.
Aziou liquide, d'Olivier Brunhes, est une pièce écrite comme un rêve, selon l'auteur, un monde fantasmé par les travailleurs. Elle ressemble pourtant à la réalité. L'assistante du président, enceinte de lui, se voit déjà en PDG bis ; la DTRH (directrice de toutes les relations humaines) prône le yoga et «jouit» de son travail ; des salariés lambda occupent des fonctions indéfinissables. Un chômeur débarque à la recherche d'un job. Le tout sur fond d'explications macro-économiques, délivrées à l'adresse du public par un Monsieur Loyal inquiétant. La pièce donne à voir des salariés tiraillés entre leur rôle dicté par l'entreprise et leurs pulsions humaines.
A l'arrivée du plan social, la DTRH en perd le sens de son travail, l'assistante du PDG s'adoucit, le directeur général pète les plombs et le chômeur embauché se mue en