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Libération

Mise en boîtes

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Les créations d'entreprises ont atteint un niveau record en France en 2006. Volonté d'épanouissement personnel ou réflexe de survie de nombreux chômeurs.
publié le 12 février 2007 à 5h59

«Chômeurs, créez votre entreprise !» lançait, sans rire, en 1978, le Premier ministre Raymond Barre. L'invite fut accueillie froidement. Elle est devenue réalité : plus du tiers des créateurs de société sont des demandeurs d'emploi. Plus souvent par nécessité économique que par esprit d'entreprise. Dans un monde du travail de plus en plus précaire, «mobile» selon les libéraux, devenir son propre patron relève davantage de la survie économique que du progrès social.

Jamais un gouvernement, par ailleurs, n'a tant promu «l'initiative personnelle» et la PME. Les dispositifs d'aide à la création se multiplient et se renforcent. En 2006, 74 000 demandeurs d'emplois ont ainsi bénéficié de l'Accre (aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d'entreprise), 2,5 fois plus qu'en 2002. Avec toujours la même recette : l'exonération de cotisations sociales. En écho, les organisations patronales, le Medef comme le très libéral mouvement Ethic, rêvent d'inscrire la «liberté d'entreprendre» dans la Constitution...

Conséquences de ce matraquage : en 2005, selon un sondage Ifop (1), un Français sur cinq déclarait «avoir envie de créer» sa boîte dans les 2 ans à venir, un jeune de moins de 24 ans sur deux désirait se lancer. Se mettre à son compte représente, selon eux, un véritable ascenseur social et posséder sa société les rendrait «plus épanouis». De quoi, au passage, casser le poncif sur les Français frileux, réfugiés dans le salariat.

Cap. Avec 233 00