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Libération
Interview

«Le prix actuel du CO2 rend le système inopérant»

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publié le 16 février 2007 à 6h08

Philippe Quirion, économiste et militant au Réseau action climat (RAC).

Le prix de la tonne de CO2 a chuté sur le marché européen, que s'est-il passé ?

Il existe deux explications à cette brutale chute des cours... La principale, c'est que pour la période 2005-2007, les gouvernements européens, se calant sur la demande des industriels, ont distribué trop de quotas d'émissions de CO2 par rapport aux émissions effectives des installations (lire ci-contre). Les ONG l'ont dénoncé dès le début, mais ce qui est surprenant, c'est que les industriels, eux, n'ont rien anticipé... Une partie d'entre eux ne savait visiblement pas que l'ensemble du marché était excédentaire. Quand les émissions de 2005 ont été publiées au début 2006, le prix de la tonne a été divisé par deux pour flirter avec les 13 euros. L'explication secondaire est d'ordre météorologique : quand il pleut suffisamment en péninsule Ibérique et en Scandinavie, les barrages tournent à plein régime. Du coup, ces pays sollicitent moins leurs centrales à charbon. Et fatalement, ils achètent moins de quotas. Parallèlement, l'automne et l'hiver ayant été plutôt chauds, les gens ont peu utilisé leur chauffage, et la demande d'électricité a baissé. Or la production d'électricité représente la moitié des émissions concernées par le système des quotas en Europe.

A quoi sert un marché où la tonne de CO2 ne vaut rien ?

La tonne de CO2 à 1,30 euro rend le système totalement inopérant. Au départ, l'objectif est d'inciter les industriels