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Libération

Jorge, de Quito à la clandestinité

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Cet Equatorien raconte ses années de galère sans papiers, employé comme chauffeur au noir.
publié le 19 février 2007 à 6h11

Pragmatique, le gouvernement espagnol a, ces dernières années, multiplié les régularisations massives de sans-papiers pour répondre aux besoins de main-d'oeuvre du pays. Mais l'histoire de Jorge Velasco, 37 ans, montre à quel point, pour des dizaines de milliers de Latinos, la régularisation, conditionnée en Espagne au bon vouloir de l'employeur, peut relever du parcours du combattant. «Ce n'est pas tant le boulot, on en trouve toujours. La difficulté, c'est d'obtenir les papiers et de ne pas se faire exploiter par des employeurs sans scrupule.» L'objet, pour cet Equatorien aux épaules larges et aux yeux brillants, d'une lutte incessante de six ans. Marié à Lurdes, qui s'occupe des trois enfants (Cesar, Ester et Jorge), Jorge Velasco vit avec sa famille dans un 55 m2 à Getafe, une grosse ville de la banlieue sud de Madrid. En juin 2001, ils ont quitté Quito, capitale de l'Equateur, avec un visa touristique, pour émigrer en Espagne. A la différence de la plupart de ses compatriotes, qui se ruent à leur arrivée sur la cueillette de fruits et légumes dans le sud-est du pays (Murcie et Almeria), Jorge trouve aussitôt un poste de camionneur pour Supersol, une petite chaîne d'alimentation. Une chance, lorsqu'on n'a pas de papiers. «Je gagnais 1 050 euros par mois. C'était quatorze à seize heures de conduite par jour, le plus souvent en jouant au chat et à la souris avec les policiers», se souvient-il. Jorge n'a alors guère envie de demeurer clandestin. La seule possi