Ses collègues lui avaient pourtant répété : «Lâche ! Mais lâche prise ou tu vas péter un câble !» Raymond D., 38 ans, n'a pas lâché. Il s'est pendu à l'aide d'un ceinturon. C'est le troisième salarié du technocentre Renault de Guyancourt qui se suicide en quatre mois. Lui l'a fait chez lui. Les deux précédents, sur le site du technocentre.
Lettre. Hier, le parquet de Versailles a ouvert une enquête préliminaire. «Chaque fois, c'est le même profil, estime Vincent Neveu, délégué central adjoint CGT pour l'ingénierie et le tertiaire. Des ingénieurs ou des techniciens très engagés dans leur travail et qui avaient un fort besoin de reconnaissance.» Raymond D. allait passer cadre. Selon le Parisien, il aurait laissé une lettre à sa famille expliquant qu'il ne se sentait «pas capable de faire ce travail», que le travail «était trop dur à supporter».
«Evitons tout amalgame : le suicide est toujours le résultat d'une situation personnelle complexe ; il est difficile de faire des conclusions hâtives sur ses causes», prévient la direction. Qui renvoie chacun à sa part de responsabilité. «C'est un échec collectif, pour nous, direction de l'établissement, mais aussi pour les organisations syndicales et tous les collègues, estime Antoine Lepinteur, DRH du technocentre. Nous n'avons pas su voir.» Depuis les deux derniers suicides, une cellule d'aide psychologique est ouverte aux salariés désirant être écoutés. Et depuis 1998, un