Les gouvernements doivent-ils se mêler de la politique industrielle d'une entreprise privée alors qu'ils en sont actionnaires minoritaires ? Depuis lundi, ce dilemme digne d'un exposé de Sciences-Po mobilise les responsables politiques français. En jeu, rien de moins que l'avenir d'Airbus, celui de sa maison mère, EADS, et de ses 110 000 salariés. Il faut dire que la situation paraît totalement bloquée depuis que Louis Gallois, coprésident d'EADS et patron d'Airbus, a renoncé à présenter son plan de restructuration, dit Power 8, sous la pression des intérêts allemands (lire ci-contre). Pour les responsables français, l'objectif est donc de défendre l'intérêt national et de faire en sorte que ce dossier symbole de la construction européenne ne s'écroule pas. Quitte à manier le double langage.
Stratégie. Premier à réagir, le Premier ministre français. Interrogé hier sur RTL, Dominique de Villepin a salué le travail du PDG d'Airbus «Je veux rendre hommage au travail et à la façon dont Louis Gallois aborde ces questions» , pour aussitôt se présenter en vrai patron de l'entreprise. Ainsi, pour la première fois, le chiffre des suppressions d'emploi qui circule officieusement depuis plusieurs jours a été annoncé publiquement. «10 000 postes, c'est ce qui est envisagé dans le plan», a lâché Villepin. Et de préconiser la manière de conduire le plan social : «Nous avons posé une règle claire pour chacun. Pas de licenciements secs dans cette entreprise. Chaque site d