Roger a gardé son uniforme de travail pour venir à la barre, pantalon vert foncé, et cravate cachée dans une chemise blanche. Ses dimensions imposent le respect. En face, un petit homme nerveux, aux cheveux gris, l'avocat de l'employeur. Roger est encarté chez SUD-RATP. Il réclame les heures de délégation syndicale qu'il n'a pu effectuer faute d'avoir obtenu l'accord de son employeur. Vingt heures réglementaires par mois dont ses autres collègues, eux, ont profité. De là à crier à la discrimination syndicale ciblée... «Le 11 octobre dernier, SUD a désigné 65 nouveaux délégués, explique le défenseur syndical qui assiste Roger, les noms de ces délégués ont été communiqués au directeur et sur ces 65 désignations, 64 ont pu bénéficier de leurs heures de délégation.» Roger est le 65e.
A la RATP, un protocole affirme que, si les heures de délégation syndicale ne sont pas prises pour cause d'absence de délégués, elles sont converties en journées agent, «assignées à n'importe quel salarié», explique le conseil du militant SUD. Or il y avait bien un délégué SUD dans le 65e établissement. Roger réclame donc 1 503,60 euros pour les heures qu'il n'a pas pu rendre à son syndicat et qu'il a passées à travailler. Un doublon sur salaire en quelque sorte. L'avocat de la défense est venu avec le fameux protocole d'accord sur le droit syndical de la RATP, signé par 7 organisations syndicales en février 2006 mais pas par SUD. «Un protocole plus favorable que le code du tr