Et si l'affaire Airbus était d'abord une affaire morale ? Regardons ce qui s'est passé du point de vue de ce que le grand public en a su. Sur un marché énormément porteur, une entreprise franco-allemande au départ, plus largement européenne aujourd'hui, sans être pour autant communautaire, développe en trente ans un savoir-faire de premier ordre mondial. Elle crée une gamme d'avions moyens ou gros porteurs, pour le long et moyen courrier, très apparentés entre eux, et dont la qualité la place à égalité de compétition avec Boeing, jusque-là monopoliste mondial écrasant.
L'entreprise s'appelle Airbus. Elle est filiale d'un consortium international nommé EADS.
Son dernier produit, l'A380, est un coup d'audace technologique inouïe. Le plus gros porteur jamais construit, deux ponts, cinq à six cents passagers, attire immédiatement les grandes compagnies de transport aérien. Un gros succès se prépare.
Puis on apprend que, faute d'un commandement commun englobant une usine allemande et une usine française du groupe, le câblage électrique des fuselages de cet avion a été préparé des deux côtés avec des codes informatiques non compatibles. Pour mettre au point les prototypes et pour les futurs avions de série, il faut faire le câblage à la main, comme il y a vingt ou trente ans. Cela prend évidemment infiniment plus de temps.
Le résultat est terrifiant : de l'ordre de deux ans de retard. Ce qui étale d'autant les rentrées d'argent dans la trésorerie et s'aggrave de considérables indemnit