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Libération

A Méaulte, «si Airbus ferme, il n'y aura plus que les vaches»

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REPORTAGE • Des salariés de l'usine de Méaulte, dans la Somme, et des habitants ont défilé ce mardi matin sous le vent et la pluie • Dans cette vieille enclave ouvrière, il ne reste plus que l'aéronautique comme industrie •
par Haydée Sabéran, envoyée spéciale à Méaulte (Somme)
publié le 6 mars 2007 à 7h00

La goutte au nez et les doigts rougis, des élus à écharpes, des retraités, des commerçants, des agriculteurs, des enseignants, des familles et aussi beaucoup de jeunes ouvriers. Ils sont autour de 2000 à défiler sous le vent et la pluie. Entre le village de Méaulte, le site d’Airbus dans la Somme,  et Albert (10000 habitants), la principale ville voisine où logent la plupart des 1300 salariés, 4000 avec les sous-traitants.

Au coin d’un rond-point bloqué par la gendarmerie, à l’entrée d’Albert, les retraités, sous leurs parapluies, regardent passer la manif. «

Il y a même une ambulance, les gars ! Faudra faire gaffe à pas monter dedans!

»

Des salariés aux yeux bouffis rigolent. «

Nous, on est postés, on a travaillé cette nuit, là on est censé dormir

», dit Dominique, 45 ans dont 27 chez Airbus. A ses côtés, Guillaume, 21 ans, jeune embauché, veut «

que l’Etat devienne principal actionnaire

». Il ajoute:

«On pense aussi à Saint-Nazaire et aux sous-traitants»

. Gaétan, 26 ans, trouve qu’ici «

c’est déjà mort. Si un jour ça ferme, ce sera comme à Marly-Gomont, il n’y aura plus que les vaches et les pâtures

», lâche t-il en référence à la chanson du rappeur picard Kamini.

Albert, vieille enclave ouvrière au milieu des anciens champs de batailles de la Somme, a vu la fermeture d’un site de machine-outil dans les années 80. Ne reste que la mono-industrie aéronautique, fondée dans les années 1920 par Henri Potez, «

le Dassault de l’époque

» com