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Libération

Les ex de Samsonite refusent de faire leurs bagages

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publié le 12 mars 2007 à 6h34

Hénin-Beaumont envoyée spéciale

Lysiane ajuste son gilet, et hèle une copine, timide. «On mange ensemble ? C'est le dernier jour...» Elles s'étaient donné jusqu'au 13 mars, pour occuper l'usine. Demain, c'est la date butoir : le tribunal de grande instance de Paris rend sa décision sur la validité de la cession réalisée, en 2005, par Samsonite (lire ci-contre). Cette vente a, selon les salariés, déclenché la mort lente de l'usine d'Hénin-Beaumont (203 employés), près de Lens. Ici, on fabriquait des vanity cases, des valises, des pièces en plastique pour voitures et motos. Huit ouvriers sur dix sont des ouvrières. Elles se relaient jour et nuit depuis sept semaines. Attendent, tricotent, parlent de l'usine, réfléchissent à l'après. Elles vivent au rythme des AG, des apparitions de leur avocat parisien, Fiodor Rilov, des repas du samedi, dans l'ancien magasin d'usine, avec maris et enfants. Après vingt-trois ans à bosser ensemble pour les plus anciennes, elles se tiennent chaud, avant les jours de chômage qui approchent.

Livre d'or. Quand il n'y a plus de place dans la petite salle du comité d'entreprise, elles s'assoient sur les genoux les unes des autres. Sur la table, des chocolats, des biscuits. Claudine hurle de rire à ses propres blagues. Gisèle s'inquiète pour son avenir. Monique fait circuler un livre d'or relié en tissu jaune. «Il traînait au grenier. Je me suis dit : "Pourquoi pas des photos, avec les noms des gens, pour ne pas les oublier ?"» Ell