Rendez-vous avait été pris avec Adalberto Bravo à la sortie de Puebla, capitale de l'Etat du même nom, à quelque 250 kilomètres à l'est de Mexico. Adalberto est le gérant de l'Entreprise intégrée de services agricoles, une coopérative qui regroupe 220 organisations paysannes, soit environ 200 000 petits producteurs. Un grand gaillard qui se consacre au développement du réseau Nuestro Maíz, défenseur acharné de la tortilla artisanale faite à partir de nixtamal, une pâte élaborée de manière traditionnelle (maïs, eau, chaux), sans additif chimique et à teneur nutritive élevée.
A 150 kilomètres de là, à Aljojuca, dans un village de 5 000 habitants (dont 1 500 ont déjà émigré vers les Etats-Unis), les paysans luttent pour survivre. Pedro Catarino, 44 ans, 4 enfants, est l'un des 20 associés de l'organisation locale. Il possède 25 hectares de maïs, mais en travaille une soixantaine d'autres qui ne lui appartiennent pas. «Il y a treize ans, semer, moissonner, récolter, c'était encore rentable», dit-il. Ça ne l'est plus aujourd'hui. Entre-temps, il y a eu l'Alena (accord de libre échange nord-américain). Ce fameux traité de libre commerce avec les Etats-Unis, signé en janvier 1994, qui devrait être évoqué aujourd'hui à l'occasion de la visite de George Bush au Mexique.
Entraide. Don Pedro parvient à améliorer l'ordinaire avec quelques brebis et des poules. Mais même si l'an dernier a été faste, puisque le prix du maïs est monté à 3,50 pesos le kilo (0,24 euro