Tout juste dix ans. Juillet 1997, à Bangkok, un prêt immobilier calamiteux tourne mal. La crise thaïlandaise déclenche un cataclysme économique dans toute la région de l'Asie de l'Est... avant de secouer le reste du monde. Ceux qui souffriront le plus de cette crise ne sont pas les spéculateurs ni les élites politiques souvent corrompues ni les financiers des pays industrialisés qui avaient parié sur «les marchés émergents». Les victimes de la déflagration sont des cadres, des ouvriers et des paysans, qui avaient propulsé les fameux «tigres» au rang de modèle de l'économie mondiale, et sur l'effort desquels avait été bâti le fameux «miracle asiatique».
Changement. Au Cambodge, en Indonésie, en Malaisie, aux Philippines, au Vietnam, en Corée du Sud... partout dans les pays de la région, l'augmentation des pauvres se compte alors en dizaines de millions de personnes. Dix ans plus tard, changement de décor. Selon le rapport de la Banque mondiale, rendu public hier à Tokyo, la pauvreté a reculé de près d'un tiers au cours des cinq dernières années dans les pays du Sud-Est asiatique. Cette région comptait 552 millions de pauvres fin 2006, contre 780 cinq ans plus tôt. Soit une baisse annuelle de près de 40 millions de personnes.
Certes, la pauvreté a de multiples facettes. Et la mesurer c'est souvent la réduire, comme le fait la Banque mondiale, à une dimension purement monétaire qui retient le nombre de personnes vivant avec l'équivalent de moins de deux dollars par jour. Quand d