C'est un charmant petit couple de jeunes retraités. Mireille a la permanente impeccable et Roger porte la chemise à carreaux bien repassée, dessous on voit le maillot de corps blanc. Ils fréquentent le centre commercial Bel Est Auchan de la porte de Bagnolet deux fois par semaine. C'est Roger qui tire le sac à roulettes en toile écossaise rouge et violet. Sous le périphérique, ils s'arrêtent pour signer la pétition de la CFDT Commerce, en lutte contre l'instauration de caisses automatiques dans les grandes surfaces. C'est la troisième opération de sensibilisation, au nom de code Sbam, détournement de l'argumentaire Auchan «Sourire, bonjour, au revoir, merci» pour en faire un «Sans bornes automatiques, merci». Plus d'une soixantaine de supermarchés ont été investis. «Je ne suis pas syndicaliste pour deux sous, affirme Roger, mais je suis contre tout ce qui peut entraîner des licenciements. C'est encore un moyen pour faire augmenter le bénéfice des actionnaires.»
Elles sont d'abord apparues dans un supermarché Auchan, en test, avant de se généraliser dans d'autres enseignes, Carrefour, Attac et même Leroy Merlin. Responsable sécurité dans un supermarché Auchan à Cergy (95) et syndicaliste CFDT, Freb estime à «12 le nombre d'automates» dans son magasin, et à «une dizaine de postes supprimés». Le syndicat porte à près de 200 000 le nombre de postes menacés par les nouvelles technologies (lire ci-dessous). Laura fait ses courses en famille, cinq enfants