Il n'est pas venu déjeuner à la cantine de l'usine. C'était la première fois, et ses collègues, inquiets, ont prévenu le chef d'équipe. Puis l'un d'eux a vu de la lumière sous la porte d'un local technique. Maurice R., qui aurait dû avoir 51 ans vendredi, s'était pendu.
Le suicide de cet ouvrier de PSA Peugeot-Citroën Mulhouse est survenu jeudi. En février, un salarié de 31 ans travaillant à la fonderie de l'usine PSA de Charleville-Mézières (Ardennes) s'était aussi donné la mort. Selon l'avocat de sa famille, il avait écrit une lettre, dans laquelle il évoquait «la pression morale qu'il subissait». Une enquête de gendarmerie est toujours en cours.
A l'usine de Mulhouse, Maurice R., marié, sans enfant, travaillait comme «metteur au point», un poste qualifié. Il n'était pas à la chaîne mais passait de machine en machine et de ligne en ligne pour effectuer les contrôles de mesure, «vérifier que, sur les outils de contrôle, un centimètre faisait toujours un centimètre», explique un collègue. On dit aussi qu'il était «apprécié de la hiérarchie» (un syndicaliste CGT). «Discret, ça, c'est vrai, mais pas en maladie tout le temps, pas dépressif» (un autre de FO). «Intègre, droit, rigoureux : il n'acceptait pas que le bus ait deux minutes de retard» (un collègue de l'unité mécanique). Il avait été représentant CFDT et arbitrait les matchs de foot. Ils le répètent tous : «Rien ne laissait prévoir ce qui est arrivé.» Deux jours avant sa mort, il