Le chômage a baissé de 1,4 % en mars 2007, pour s'établir à 8,3 % de la population active, son plus bas niveau depuis vingt-cinq ans. Ces chiffres, annoncés hier après-midi, auraient dû être pour le gouvernement et le candidat UMP une excellente nouvelle. Seul problème : ils sont faux, ou plutôt ils ne reflètent pas la réalité du chômage en France.
Le travail des services statistiques du ministère du Travail (la Dares, dont une partie du personnel était en grève hier pour protester contre la publication de ces chiffres) et de l'ANPE n'est pas en cause. Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à l'ANPE est effectivement passé de 2 066 100 fin février à 2 036 600 fin mars (ou de 2 520 600 à 2 494 800, en comptant ceux qui ont exercé une activité réduite).
Mais, soulignaient hier 46 économistes et chercheurs (1) dans une lettre ouverte demandant au ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo, de suspendre la publication de ces chiffres, «ces données, à la suite de modifications administratives, ne sont plus exploitables et conduisent à une sous-estimation forte du taux de chômage». Et ils ne sont pas seuls à le dire : fin mars, l'Office statistique de l'Union européenne, Eurostat, a d'autorité redressé de 0,4 point le taux de chômage français, retenant un chiffre de 8,8 % pour le mois de février, au lieu des 8,4 % mis en avant par le gouvernement.
La polémique est née de la décision prise fin janvier par la direction de l'Insee de ne pas utiliser l'enquête emploi réalisée chaq