Addis-Abeba de notre correspondante
Prenez de délicates épices, des condiments du terroir éthiopien, ajoutez beaucoup de matière grise, remuez, vous obtenez le projet «Home Gardens of Ethiopia». Son inspirateur, Bernard Roussel, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, s'enthousiasme pour «une épice mythique qui allie le goût de poivre à celui de cardamome ; la maniguette est de la famille du gingembre, il y en a plusieurs variétés de par le monde, c'est une des composantes du pastis». En Ethiopie, une variété unique, la maniguette Kororima, pousse au pied des caféiers à l'état sauvage dans la Coffee Forest, un écosystème complexe de jardins-vergers. Une fois récoltée, elle est mise à sécher sur des fils en feuilles de bananier au-dessus des foyers dans les maisons, son goût fumé en fait un produit inimitable. Si la passion de Bernard Roussel pour la «graine de paradis» se propage aux consommateurs occidentaux, ces derniers en l'achetant protégeront la plante, la Coffee Forest dans laquelle elle pousse, et le savoir des communautés locales.
Pour réconcilier l'homme, la nature et le business, les experts du projet veulent encourager la mise en place de systèmes d'indications géographiques (IG), l'équivalent des appellations d'origine contrôlée, élaborées par la France pour protéger ses spiritueux. Les pays en développement leur portent une attention croissante. En Afrique, on s'interroge, on tâtonne. L'Afrique du Sud a opté pour un système