Mariângela Simão dirige le programme brésilien de lutte contre le sida, qui permet la distribution gratuite d'un traitement à 180 000 malades. Elle revient sur la décision du Brésil, annoncée vendredi par le président Lula, de ne plus respecter le brevet de l'Efavirenz, antirétroviral produit par le laboratoire américain Merck. Le laboratoire public brésilien Farmanguinhos estime être capable d'en fabriquer des copies d'ici un an. D'ici là, le Brésil va l'importer d'Inde.
Le Brésil a longtemps menacé de ne plus respecter les brevets des antirétroviraux, mais c'est la première fois qu'il met cette menace à exécution. Pourquoi maintenant ?
En 2001, 2003 et 2005, nous avons négocié et obtenu des rabais conséquents sur le prix des médicaments comme le Ténofovir et le Kaletra [des laboratoires américains Gilead et Abbott, ndlr]. Ensuite, Abbott a spontanément accordé une baisse de prix sur le Kaletra, car la consommation de ce médicament est en hausse dans le monde. Dans le cas de l'Efavirenz, Merck s'est montré intransigeant, n'acceptant qu'une baisse de 2 %. Ils affirment que le gouvernement a prématurément mis fin aux négociations. C'est faux. Nous négocions depuis novembre. Le 24 avril, nous avons donc décrété l'Efavirenz d'intérêt public [première étape de la procédure de licence obligatoire] et donné un délai au laboratoire pour faire une nouvelle offre, que nous n'avions pas l'obligation de faire. Celui-ci a alors consenti un rabais de 30 %