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Libération

Emballés par la Bourse, les Chinois font enfler la bulle

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publié le 12 mai 2007 à 7h43

Pékin de notre correspondante

Il lui manque une dent sur deux et ses chaussures semblent dater de la Révolution culturelle. Mais Li Yu n'en a que faire. Les yeux rivés sur le panneau lumineux du bureau de Bourse d'une avenue pékinoise, deux minutes avant la clôture des marchés, il annonce son pécule avec un large sourire : deux millions de yuans, soit deux cent mille euros. Petit fonctionnaire retraité, il passe ses journées dans la salle «moyens porteurs» (jusqu'à cinq millions de yuans) de l'officine de Bourse bondée. Et ne désespère pas de franchir bientôt la porte de la salle VIP, réservée aux détenteurs de portefeuilles excédant cinq millions : «Les quatre derniers mois ont été les meilleurs depuis dix ans ! Et ça ne va pas s'arrêter là.»

Mini krach. Dans la grande salle commune, des retraités en pantoufles investissent quelques milliers de yuans avec des mines de traders avertis, c'est l'émeute devant les guichets d'ouverture de comptes : «Ça fait trois jours que je viens déposer mon dossier, c'est toujours trop tard», râle un homme. A côté, Wang Xiao, 24 ans, employé à la radio de Pékin, repart ravi. Pour 90 yuans, le voilà apprenti boursicoteur, comme la plupart de ses copains : «Je vais investir tout ce que j'ai, 30 000 yuans.» Le sourire de sa mère, qui l'accompagne solennellement, dit la joie de la famille Wang. Xiao vient d'entrer dans le club des trente millions de Chinois qui jouent en Bourse. C'est un grand jour.

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