Amsterdam de notre correspondante
La première fois qu'il a appelé la police, Teun Van de Keuken n'a pas été pris au sérieux. C'est que ce journaliste de 35 ans voulait dénoncer son crime: avoir mangé 17 barres de chocolat en un seul jour, des produits qui le rendaient complice d'une industrie ayant recours au travail forcé, cent quarante ans après l'abolition de l'esclavage. «Du chocolat, on en mange tous !» a rigolé un agent avant de lui raccrocher au nez.
Teun Van de Keuken ne s'est pas découragé. Il a poursuivi sa croisade contre l'exploitation éhontée d'enfants dans les plantations de cacao d'Afrique de l'Ouest. Fils du documentariste Johan Van der Keuken (1), il réalise depuis 2002 une émission de défense des consommateurs, Keuringsdienst van Waarde («Services d'inspection de la qualité»). De son enquête sur le cacao, il a fait un véritable feuilleton, suivi chaque semaine sur la chaîne publique Nederland 3 par 400 000 téléspectateurs.
«Farceurs». En 2004, il a porté plainte contre lui-même. Une action soutenue par Consumentengids, le magazine de la plus grande association néerlandaise de défense des consommateurs. Plus de 4 000 personnes signent une pétition en sa faveur, mais sa plainte est rejetée. Van de Keuken fait appel. Il va jusqu'à organiser le voyage à Amsterdam d'un Burkinabé de 20 ans, ancien travailleur forcé, qui témoigne contre lui, en vain. Le 5 avril dernier, la plainte est à nouveau rejetée. Le juge a estimé que le consommateur a bie