Sydney de notre correspondante
«La poêle doit être extrêmement chaude ! Je dirais même incandescente ! C'est la technique du chef pour réussir la cuisson du kangourou. Bon appétit !» Sur la table, le serveur a déposé le steak encore fumant et s'en est retourné aux cuisines de ce restaurant de Newton, un des quartiers les plus new age de Sydney où les boucheries sont si discrètes que l'on imaginerait facilement ses habitants végétariens. «Pas vraiment, sourit Mark en attaquant son steak. Mais le kangourou est la seule viande que je mange. Je refuse de consommer des animaux importés, inadaptés à l'environnement australien, tels le boeuf et le mouton, dont l'élevage dégrade le sol. Le pays est à l'agonie, et nous commençons seulement à découvrir l'ampleur de la catastrophe.» Pour transformer, dès le début de la colonisation, les terres australiennes en pâturages britanniques, des générations de fermiers et d'éleveurs ont déboisé les forêts, vidé les rivières, provoqué la salinisation et la désertification des sols, épuisé un continent dont les ressources semblaient infinies.
Bon usage. La sécheresse qui ravage l'Australie depuis plusieurs années accélère un mouvement amorcé depuis longtemps. Pour les environnementalistes comme Mark, la seule solution est un mode de vie enraciné dans les réalités australiennes. Aller à la source, c'est aussi ce que préconise Mike Archer, patron de la faculté des sciences à l'université du New South Wales, dans son livr