New York correspondance
Paul Wolfowitz a toujours été très fier de son talent de joueur d'échecs. En fin de carrière aujourd'hui, après sa démission forcée de la présidence de la Banque mondiale, les échecs, il les subit. L'homme aux sourcils broussailleux s'est résolu jeudi soir, après six semaines d'affrontements semi-publics, à prendre la porte de l'institution internationale en échange d'une petite exonération : le conseil d'administration de la banque a reconnu que ses erreurs «ont été commises de bonne foi». Ce similipardon, resté dans la gorge de certains pays européens qui auraient préféré virer l'homme de la Maison Blanche comme un malpropre, s'est néanmoins révélé incontournable à moins de vouloir prolonger la crise.
Perchoir. Inconnu au-delà du périphérique de Washington avant 2001, Wolfowitz est parvenu en quelques années à se tailler une réputation à la mesure de la cause épousée : la libération catastrophique de l'Irak. Il est en effet le premier, quelques jours après les attentats de 2001, à agripper la manche de George W. Bush pour lui dire : «Il ne faut pas oublier l'Irak...» Inlassablement, pendant dix-huit mois, depuis son perchoir de numéro 2 du Pentagone, il milite pour envoyer les tanks à Bagdad. Et écarte sans ménagement tous les obstacles qui gênent sa colonne de blindés : les analyses de la CIA estimant que Saddam Hussein n'est pas une menace, les prévisions du général Shinseki avançant qu'il faudra plusieurs centaines de milliers de sol