Province de Bokéo (Laos) envoyé spécial
Le long de la route en terre ocre, vallée après vallée, des centaines d'hectares réduits en cendres, parsemés de troncs calcinés. Certains flancs ravagés des collines sont déjà aménagés pour recevoir les plantations chinoises d'hévéas, l'arbre à latex servant à produire le caoutchouc. Dans la province de Bokéo, au nord du Laos, entre Birmanie et Thaïlande, non loin de la frontière chinoise, une forêt tropicale primaire d'une grande richesse écologique, l'une des mieux préservées au monde, s'étendait il y a quelques mois encore à la place de ces brûlis. Essences et fleurs rares, éléphants, gibbons, tigres, plantes médicinales, tout part en fumée dans cette région où cohabitent plus d'une trentaine d'ethnies différentes. «Les autorités nous ont toujours empêché de brûler la forêt pour nos plantations de riz et d'arbres fruitiers, maintenant, ils nous disent de le faire à condition que ce soit pour l'arbre à caoutchouc», explique le chef d'un village. Dans son district, 20 000 hectares (un quart de la terre) ont été promis à l'hévéa.
Argent facile. Pour les villageois qui ont commencé la plantation des arbres fournis par une compagnie chinoise, c'est le rêve d'argent facile. «On n'en avait jamais planté, mais les Chinois nous ont promis que ça rapporterait jusqu'à 30 centimes d'euro par arbre chaque jour », explique ce chef. Il n'a pas le choix. «Si on refuse, le gouvernement local a dit qu'il donnerait notre terre à d'aut