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Libération
Interview

«La pratique de certains traders s'apparente au hold-up»

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publié le 28 mai 2007 à 7h59

Nicolas Sarkozy l'a demandé à son gouvernement : les golden parachutes devraient bientôt être interdits. Mais cela suffira-t-il à moraliser le capitalisme financier, objectif affiché du président de la République ? C'est oublier que les rémunérations extravagantes ne concernent pas que les patrons sur le départ. Et qu'une réelle politique de régulation devrait aussi s'adresser aux salariés millionnaires qui vivent sur une autre planète : ceux du secteur de la finance, qui touchent, chaque début d'année, des «bonus» énormes. Explication par Olivier Godechot.

Les distributions de bonus faramineux dans l'industrie financière sont-elles un phénomène récent ?

La culture du bonus s'est instaurée à la fin des années 1970, à Londres et à New York. Jusque-là, dans les principales banques d'affaires, les salariés étaient fidélisés en ayant comme horizon de carrière, à dix ou quinze ans, de devenir associés (partners). Mais cette perspective d'association s'est dissoute, et les salariés se sont mis à vendre leurs services aux plus offrants. En France, le système s'est généralisé à partir de la fin des années 1980. Et la décennie 1990 a connu un phénomène de rattrapage.

De quels montants parle-t-on ?

Au début des années 1980, l'horizon magique pour un trader, c'était le million de dollars. A la fin des années 1990, c'était dix millions. On est toujours à ce niveau-là.

Qui est concerné ?

Principalement les traders et les vendeurs (le front-office) mais aussi, à moindre mes