Evin-Malmaison (Pas-de-Calais) envoyée spéciale
On l'appelle «herbe à éléphant», mais on pourrait aussi bien l'appeler «herbe à électricité». C'est un genre de roseau venu de Chine qui va poindre bientôt entre un champ de blé et un bosquet, le long d'une route d'Evin-Malmaison (Pas-de-Calais), à quelques kilomètres à vol d'oiseau de l'ancienne fonderie Metaleurop. Le champ appartient à Jean-Louis Dugardin, un des derniers agriculteurs d'Evin, installé dans une grande ferme de brique, en face de l'église. Presque toutes ses terres sont polluées au plomb. Il ne peut rien y faire pousser pour les humains. «Petits pois, haricots, c'est fini, on les cultive ailleurs», raconte-t-il. Il se rattrape sur la betterave à éthanol, le maïs et l'orge pour les animaux. Puis, quand elle sera assez haute pour être fauchée (dans trois ans), sa première récolte d'herbe à éléphant, ou miscanthus, sera vendue à l'industriel Sita. Ce recycleur, installé sur l'ancien site Metaleurop, la brûlera dans une mini-centrale afin de produire de l'électricité pour EDF. «C'est Sita qui fournit les plants, raconte le paysan. Ça permet d'essayer autre chose, sur des terres qui devaient être en jachère. Au lieu d'herbe improductive, j'ai du miscanthus.»
Rentabilité. Il était contraint de louer des terres saines, loin de chez lui, pour cultiver ses légumes. D'autres agriculteurs doivent acheter un fourrage sain pour nourrir leurs vaches laitières. Du temps de l'usine, la locati