Qu'attendent les Africains du changement de tête annoncé à la Banque mondiale ? Eléments de réponse avec Samuel Amehou, ambassadeur du Bénin à l'Organisation mondiale du commerce, et Mamadou Cissokho, président d'honneur sénégalais de Roppa, réseau de paysans d'Afrique de l'Ouest.
Selon vous, Robert Zoellick n'est-il qu'un néoconservateur venu du commerce?
Samuel Amehou : «Au moins, Zoellick vient du milieu des mots quand Wolfowitz était issu de celui des canons. J'ai longuement négocié avec lui, notamment lors de la réunion de Cancun, en 2003. Il était dur, intraitable, un tueur, mais c'est la règle du jeu. Alors qu'on bataillait pour que les Etats-Unis limitent leurs subventions aux producteurs de coton qui ruinaient 10 millions de paysans africains, ils nous disaient que notre coton n'était pas compétitif. Il s'est amendé depuis, il est allé en Afrique et a semble-t-il compris nos revendications. Ce n'est pas de la provoc.»
Mamadou Cissokho. «Cette nomination annoncée n'est que la confirmation du cynisme du gouvernement américain, qui reste conforme à son idéologie et à son schéma selon lesquels le commerce prime l'aide en matière de développement. Or le commerce est une guerre aux armes invisibles contre les plus pauvres. Et Zoellick a toujours défendu les firmes américaines contre les pays du Sud, sur la question de l'accès aux médicaments par exemple. Derrière la volonté de nommer un diplomate expérimenté se cache la seule volonté de redorer le blason d'une administration