Poix-du-Nord envoyée spéciale
Ça n'a duré que quelques minutes, mercredi, une des dernières fois qu'on verrait ça à Poix-du-Nord. Dans l'atelier, un grand hangar laid éclairé au néon, la pause a sonné, driiiiiiiing, comme à l'école. Les ouvrières ont laissé les machines à coudre, quitté les fers à repasser et elles ont marché jusqu'à la cantine, toutes. Une petite armée de 142 femmes en blouse de toutes les couleurs, qui avance vite, en bavardant. Des filles avec des mains d'artistes, qui n'ont pas l'air de s'en douter. Les dernières en France à fabriquer du prêt-à-porter haut de gamme pour homme, les costumes Kenzo et Givenchy. A les voir descendre l'escalier de l'usine, ciseaux autour du cou, on se dit qu'une usine qui vit, ça fait un drôle d'effet. Le 31 juillet, il n'y aura plus personne dans l'escalier.
L'usine Ecce de Poix-du-Nord, près de Maubeuge, ferme. Le donneur d'ordre, LVMH, demande à son sous-traitant Ecce de baisser ses prix. En Pologne, un costume Kenzo coûte 30 euros à fabriquer, contre 100 euros pour les ouvrières de Poix-du-Nord, selon Béatrice Cayen, de la CGT. «On va pas travailler pour un bol de riz.» L'usine fabrique autour de 120 pièces par jour.
«Bichonne». Les salariées se sont battues, et mercredi LVMH aurait concédé une promesse d'achat de 6 000 pièces l'an prochain, dégressive jusqu'en 2010. Mais personne ne croit vraiment que l'usine pourrait être sauvée pour autant.
Dans l'atelier, les fers font psshiii, les machines à coudre vrrrrr. Les ve